Association L'Ange Bleu
A.N.P.I.C.P. (Association Nationale de Prévention et d'Information Concernant la Pédophilie)

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CONFESSION...

Lundi 16 Janvier 2006

"Madame, Monsieur,
je vais vous choquer : je suis pédophile.

Le mot est lâché. Et vous semblez au moins accepter de continuer à me lire. Mais pourtant, vous ne savez rien de moi malgré cette confession, ce mot que tout le monde croit tellement comprendre qu’il dispense de toute réflexion...

Je m’empresse de le dire : je n’ai jamais violé ou pratiqué d’attouchement sexuel sur un mineur. Je n’ai jamais posé sur un enfant une main autre qu’amicale. Alors pourquoi me dis-je pédophile ? A cause de ce que je ressens. Même si ça paraît monstrueux, dégoûtant, aberrant, dérangeant, je ne me retourne pas dans la rue au passage de jolies femmes ou d’hommes avenants mais quand je croise certains jeunes garçons. Mon attirance affective, sensuelle et sexuelle, mes désirs me portent vers des garçons qui ont en général entre 10 et 15 ans. Je n’ai rien fait pour ça, je ne l’ai pas voulu. Je ne le maîtrise pas plus que vous ne maîtrisez vos rêves ou vos envies.

Dire que j’en souffre est un euphémisme : je ne peux connaître que des amours impossibles. Par choix. Car les pédophiles ne sont pas plus esclaves de leurs désirs que les personnes ayant des attirances plus conventionnelle : quand une femme ou un homme vous plaît, vous ne sautez pas dessus sans pouvoir vous retenir. Il en va de même pour moi : même si certains garçons me font monter le rouge aux joues et me laissent bouche bée d’admiration et d’émotion, je ne cherche pas pour autant à les approcher sexuellement.

Si j’ai pu vous faire admettre que je ne suis pas le monstre si complaisamment décrit par les médias et par beaucoup de personnes quand le mot pédophilie est lâché, peut-être vous dites-vous que je suis malade. C’est possible mais la définition de la maladie mentale me pose quelques problèmes : à partir de quand, sur quel critère peut-on se baser pour considérer qu’un sentiment différent de la majorité des hommes relève de la pathologie ? Mon désir n’est pas plus « contre-nature » que ne l’est le désir homosexuel qui a lui été rayé de la liste des maladies mentales par L’OMS. La souffrance est-elle un critère plus valable ? J’en doute car la haine ou l’amour font souffrir bien des hommes et des femmes sans qu’on envisage l’état amoureux comme une maladie.

Mais suis-je dangereux ? Au vu des conséquences possibles que pourrait avoir la mise en acte de mes désirs, on peut penser que oui. Mais suis-je plus dangereux qu’un homme agressif ? Qu’un fou du volant ? Qu’un adepte du sado-masochisme ? Que n’importe quel homme moyen ? Ai-je plus ou moins de risque de « passer à l’acte » que l’homme fatigué qui habite une cité HLM et qui a parfois envie de sortir son fusil de chasse pour tirer sur les jeunes qui font du bruit et le provoquent ? Il me semble que la réponse est plus complexe qu’une simple équation « désir pédophile = risque élevé ». Encore une fois, je suis conscient des dangers et je contrôle mes actes aussi bien qu’un autre. Tous les hommes qui désirent des femmes ne sont pas des violeurs. Tous les pédophiles ne sont pas des agresseurs.

Et si ce que je ressens me permet de mieux comprendre ce qui peut pousser certains à transgresser la loi et à devenir des agresseurs, je ne cautionne pas leurs actes pour autant : il est à mes yeux parfaitement normal que celui qui nuit à autrui et qui enfreint la loi soit sanctionné. Je ne demande pas que les violeurs ne soient pas condamnés : je demande simplement que les condamnations restent justes et basées sur des faits. Je demande simplement de pouvoir vivre sans être rejeté, mis au pilori pour ce que je ressens, pour ce que je suis.

Car en dehors de ces sentiments hors-norme, je suis comme vous et rien ne me distingue de n’importe quel homme croisé au hasard. Je suis même peut-être votre fils, votre frère, votre cousin, votre ami, votre collègue ou votre voisin. J’ai un travail, des amis, une famille, des joies, des peines, une histoire et, j’espère, un avenir. Ce désir au fond de moi efface-t-il mes qualités et mes défauts ? Est-il la seule chose sur laquelle on puisse me juger ? Fait-il de moi quelqu’un de radicalement différent, à mettre au ban de la société ?

Et pourtant, je dois me taire et cacher cette part de moi-même car si je ne vous avais pas expliqué tout ce qu’il y a dans cette lettre, peut être auriez-vous été de ceux qui seraient prêt à me lyncher ou au moins à m’exclure et à me stigmatiser si on leur disait que je suis « un pédophile ».

Que peut faire de nos jours un adolescent ou un jeune homme qui se découvre des désirs pédophiles ? Le monde entier aujourd’hui lui signifie qu’il est un monstre, une erreur de la nature, condamné par avance à souffrir et faire souffrir. Au risque de les pousser vers des attitudes suicidaires (j’ai connu ce désir) ou vers des attitudes de révolte pouvant aller jusqu’à l’agression. Les aider à s’accepter, à vivre une vie dans laquelle leurs sentiments ne seront pas niés et à développer leur capacité à être maîtres et responsables de leurs actes me semble la meilleure des préventions contre les agressions sexuelles.

Si en entendant parler d'un homme soupçonné d'être pédophile, vous vous demandez sans haine ni passion ce qu'il a réellement fait et ce qu'il ressent, alors cette lettre n'aura pas été inutile".

 


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