Association L'Ange Bleu
A.N.P.I.C.P. (Association Nationale de Prévention et d'Information Concernant la Pédophilie)

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les idées simplistes du candidat UMP à l’élection présidentielle

Ligue des Droits de l'Homme -Section de Toulon, 11 avril 2007

(article de la rubrique Big Brother)
A la suite du rapport Benisti, Nicolas Sarkozy avait inclus dans son projet de loi relatif à la prévention de la délinquance le dépistage précoce des troubles du comportement — mais, face aux critiques, il avait fini par le retirer. On pouvait espérer qu’il avait compris les mises en cause des orientations de ce rapport parlementaire, notamment celles qui ont été émises par l’Inserm. Mais Nicolas Sarkozy, candidat UMP, vient de récidiver par des déclarations inquiétantes concernant la prédétermination génétique de la pédophilie et du suicide chez les jeunes.

Nous vous proposons de faire le point sur ces questions, et notamment le caractère prétendument inné de la pédophilie, en prenant connaissance des commentaires de différentes personnes : le philosophe Michel Onfray, Latifa Bennari, présidente de l’association L’Ange Bleu qui lutte contre la maltraitance sexuelle des enfants, le généticien André Langaney et divers autres scientifiques qui dénoncent une « façon réductrice d’utiliser la génétique », pour terminer avec le juge Jean-Pierre Rosenczveig.


[image ci-contre] : iKiro (Le Canard enchaîné du 11 avril 2007)

Nicolas Sarkozy et le philosophe Michel Onfray se sont rencontrés le 20 février 2007. Voici un extrait de leur échange tel qu’il est rapporté dans Philosophie Magazine N°8 [1] :

Michel Onfray : Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n’avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n’a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d’être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

Nicolas Sarkozy : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense.

Dans son blog, Michel Onfray ajoute le commentaire suivant [2]

Michel Onfray « Lui [Nicolas Sarkozy] dont chacun sait l’hétérosexualité a-t-il eu le choix un jour entre son mode de sexualité et un autre ? Se souvient-il du moment où il a essayé l’homosexualité, la pédophilie, la zoophilie, la nécrophilie afin de décider ce qui lui convenait le mieux et d’opter, finalement, et en connaissance de cause, pour l’hétérosexualité ? Non bien sûr. Car la forme prise par sa sexualité est affaire non pas de choix ou de génétique, mais de genèse existentielle. Si nous avions le choix, aucun pédophile ne choisirait de l’être… »

Le point de vue de Latifa Bennari mérite d’être connu. Elle préside l’association L’Ange bleu qui lutte contre la maltraitance sexuelle des enfants [3].

Latifa Bennari [4]

« De par mon expérience menée auprès d’un grand nombre de pédophiles, j’ai peu à peu dû écarter la thèse de la maladie avancée par le Ministre. La pédophilie n’est pas plus une maladie que l’hétérosexualité ou l’homosexualité ne peuvent en être. Elle est quasi-systématiquement la conséquence d’un certain nombre de facteurs qui, indépendamment de la volonté du sujet, modifie ou bloque l’évolution de son orientation sexuelle naturelle. Cette idée d’une "perversion" innée, de nature génétique, ne tient pas devant une réalité que je constate quotidiennement.

• Car comment alors expliquer l’existence de pédophiles ayant vécu des relations sexuelles durant leur enfance et reproduisant ce mode relationnel une fois adulte ? Ce n’est pas à sa naissance que se sont révélées les bases de sa paraphilie, mais bien plus tard, au cours de son enfance.
• Comment expliquer également ceux qui, pour avoir vécu d’importantes carences affectives se sont tournés vers les enfants, alors même que leur orientation naturelle les auraient conduits vers l’hétérosexualité ou l’homosexualité ? Car les relations sexuelles précoces n’expliquent pas l’existence de pédophiles n’en ayant jamais connus. En revanche, nombre de ces cas relatent de fortes carences affectives et des blocages relationnels dans leur évolution liée à ces carences. Encore une fois, sans aucun lien avec une "prédisposition innée" de nature génétique.
• Comment expliquer que plus de 60% à 80% des cas d’abus sexuels sur enfants (suivant les études) sont commis non pas par des pédophiles, mais par des hétérosexuels et homosexuels, principalement dans un contexte incestueux (milieu familial), mais également à titre occasionnel par des personnes en carence affective récente (déception amoureuse, rupture), non pédophiles mais soumis momentanément à des pulsions compensatrices ? Encore une fois, la thèse génétique ne tient pas ici.
• Et enfin, si nous adhérons à la thèse du tout inné, quelle chance laisse-t-on à un individu de se reconstruire, d’adopter l’abstinence voire de changer d’orientation ? Sur ce point, je témoigne qu’un suivi efficace, un contact humain, une prise en compte sérieuse des problèmes du sujet permettent de le reconstruire de la sorte. Je dispose de nombreux exemples de telles réussites qui le prouvent. D’anciens pédophiles ayant aujourd’hui une vie familiale équilibrée peuvent en témoigner. Adopter l’idée qu’un individu est enfermé à vie dans un schéma particulier c’est le condamner définitivement. Je pense au contraire qu’il convient de redonner l’espoir d’un changement, d’autant que la réalité du problème le permet.

« L’argument de Michel Onfray se vérifie chaque jour à travers les témoignages qui me parviennent ; la pédophilie n’est en effet ni affaire de choix, ni de génétique, mais bien d’une série de facteurs existentiels, d’expériences et/ou traumatismes vécus durant l’enfance, l’adolescence et dans une certaine proportion même suite à des chocs affectifs vécus à l’âge adulte. Elle peut également se révéler en l’absence de tout traumatisme ou carence, mais je ne puis souscrire pour autant à une quelconque prédétermination pour les y avoir amenés là.

« A noter également l’intéressante réaction de Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, qui avec des mots justes a su mettre en relief la problématique que pose la thèse génétique sur le plan humain : « Surtout, ce que me paraît plus grave, c’est l’idée qu’on ne peut pas changer le cours du destin. C’est vrai quand on prend la perspective génétique, mais c’est aussi vrai quand on prend la perspective sociologique » « Parce que dire que quelqu’un est pré-déterminé par la famille qui l’a entouré, par les conditions dans lesquelles il a vécu, ça veut dire que l’homme est conditionné absolument » Il convient en effet de donner toutes les chances et espoirs à tout un chacun de pouvoir changer le cours des choses et non pas de l’enfermer dans une orientation non choisie. »
Latifa Bennari

Les propos de Sarkozy « scientifiquement non fondés »

NOUVELOBS.COM | 10.04.2007 | 07:28
« C’est une ineptie purement idéologique qui est totalement à côté des acquis actuels de la science et de la génétique en particulier », selon le Pr Bernard Golse, pédopsychiatre à l’hôpital Necker-Enfants malades.

« Entamer une croisade sur l’aspect génétique de la pédophilie est scientifiquement non fondé », ajoute le Pr Golse, interrogé par l’AFP.

« Il n’y a pas de gène d’un destin malheureux »

Assurant qu’« il n’y a pas de gène d’un destin malheureux », le généticien Axel Kahn a jugé dimanche « relativement grave » l’existence de « tout un courant qui prétend que les gènes sont tellement déterminants (...) qu’ils sont responsables de certains désordres de la société, et que par conséquent, la contrainte, les difficultés économiques, les malheurs sociaux n’y sont pour rien ».

« L’idée d’une pédophilie prédictible et génétique, c’est purement renouer avec le chromosome du crime de Cesare Lambroso », criminologue italien du XIXe siècle, relève le Pr Golse.

Or, défendre l’idée d’un tel type de déterminisme est « extrêmement dangereux », met en garde Christine Bellas-Cabane, présidente du Syndicat national des médecins de la protection maternelle et infantile (SNMPMI), rappelant, elle aussi, les risques de dérives eugénistes.

« Façon réductrice d’utiliser la génétique »

Elle avait été l’an dernier, ainsi que le Pr Golse, parmi les initiateurs de la pétition "Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans" s’opposant au projet, défendu par l’ex-ministre de l’Intérieur, de détection précoce de troubles du comportement pour prévenir la délinquance.

Les récents propos de Nicolas Sarkozy renvoient aussi à une « façon très linéaire, réductrice et faussement prédictible d’utiliser la génétique », note le Pr Golse. Or, dit-il, compte tenu des acquis de la science, on « n’est plus du tout dans une génétique causale reliant un gène et un effet comportemental », mais dans « une génétique beaucoup plus complexe, une génétique de vulnérabilité ».

« Aucune prédiction possible »

Avoir des « facteurs de susceptibilité, de prédisposition, cela ne suffit pas pour devenir délinquant ou se suicider, il y a des effets de rencontres avec l’environnement au sens large : relationnel, psychologique, sociologique, politique, culturel », souligne-t-il. Il n’y a, dit-il, « aucune prédiction possible parce que, par définition, les effets de rencontres sont imprévisibles, sinon notre vie serait entièrement écrite à l’avance ». En ce qui concerne la pédophilie, il n’y a « pas la moindre preuve » de gènes de susceptibilité, insiste-t-il.

Une expression comportementale est « souvent reliée à plusieurs types de facteurs qui s’entrecroisent, qui s’articulent », souligne aussi le Pr Gérard Schmidt, président du Collège de pédopsychiatrie. « La maturation cérébrale continue jusqu’à l’adolescence » en interaction avec les expériences vécues, ajoute-t-il, mettant en garde contre toute prédiction sur la base de comportements précoces ou de caractéristiques purement génétiques (AFP)

André Langaney a vu dans les déclarations de M. Sarkozy une réminiscence de « ce que voulaient faire des gens pendant la deuxième guerre mondiale ».

Le généticien a déclaré sur France Info : « Il y a des scientifiques d’extrême droite qui pensent qu’on a tout à la naissance et qu’on ne peut plus rien changer. Si on suit ces gens-là, il faudrait presque faire des tests génétiques à la naissance ou faire un tri des embryons pour éliminer les pédophiles avant qu’ils naissent ». L’ancien ministre de l’Intérieur avait déjà proposé le dépistage précoce des troubles du comportement dans son projet de loi relatif à la prévention de la délinquance. Mais face aux critiques, il avait dû retirer ces dispositions de son projet de loi en juin 2006.

Jean-Pierre Rosenczveig : « Pas de pitié pour les malades de naissance !!! » [5]

« Oui, je sais, j’aurais pu commenter l’affirmation de N. Sarkozy sur l’inné et l’acquis en matière de pédophilie ou de suicides de jeunes. [ ...]

« Je rappelerai quand même — ce qui est passé inaperçu — qu’un dimanche de printemps Nicolas Sarkozy s’était prononcé pour la retroactivité des lois pénales contre les violeurs d’enfants. L’homme est cohérent dans la pensée : les agresseurs sexuels sont des malades ou des monstres ; il n’y a rien à entreprendre pour eux sinon les incarcérer et ils ne sont pas éligibles au droit pénal classique. Donc pas de fioritures : la meilleure des lois est celle qui s’applique à ce qu’ils ont fait même si elle n’était pas votée et a fortiori connue au moment des faits. »

Notes

[1] Source http://www.philomag.com/article,dia....
[2] Source : http://michelonfray.blogs.nouvelobs...
Le blog de Michel Onfray mérite d’être lu, ne serait-ce que pour les aperçus que l’on y trouve sur la personnalité de Nicolas Sarkozy : http://michelonfray.blogs.nouvelobs....
[3] L’association L’Ange Bleu qui s’est donné pour but de lutter contre la maltraitance sexuelle des enfants, dans un esprit humain et républicain. Son action repose sur la parole, l’écoute, le dialogue et l’accompagnement. Elle s’adresse aux :
•victimes de maltraitance sexuelle, afin de les aider à dépasser leur souffrance et à se reconstruire,
•personnes en prise avec des attirances pédophiliques, avant le passage à l’acte, afin de les aider à ne pas franchir le pas,
•délinquants et criminels sexuels avant et après leur sortie de prison, afin de les aider à éviter la récidive,
•proches de victime, de pédophiles, de délinquants ou criminels sexuels, afin de les aider à surmonter leur désarroi, de les aider à trouver des réponses à leurs questions, de les aider à mieux soutenir leurs enfants, amis, etc.
[4] Source des déclarations de Latifa Bennari : http://www.lemague.net/dyn/spip.php....
[5] Source : le blog de Jean-Pierre Rosenczveig, un juge qui en a ... du courage.


© 2007, LDH-Toulon - 11 avril 2007
Source

 


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